vendredi 22 janvier 2010

Pitance extrême

Dès notre première rencontre, j’avais été étonné par son appétit. C’était finalement assez normal : nous nous étions rencontrés dans un de ces bistrots qui permettent de se nourrir vite fait bien fait entre deux parties de journées de travail. Personnellement, c’était deux demi-journées de formation que j’animais sans trop y croire à vrai dire. J’appréciais cette halte dans la journée qui me permettait de respirer. Ce jour-là, je respirai un étrange parfum. C’était le sien. Elle était assise devant moi, deux tables nous séparant. À vrai dire, elle était sublime, mais elle était surtout intéressée par ce qu’il y avait dans son assiette. À chaque enfournée, elle semblait s’extasier. Je n’hésitai pas une seconde : je commandai le même plat qu’elle. Et c’est vrai que c’était délicieux.

Mon regard ne la quittait pas. Elle semblait si heureuse de manger. Elle finit bien sûr par s’en apercevoir. Peut-on regarder une femme sans qu’elle ne le sache ? Je n’en suis pas sûr. Elle me sourit, mais j’avoue que je ne sus pas si elle me souriait véritablement ou si elle dégustait tout simplement le dessert exquis qu’elle avait demandé. Vraiment, elle mangeait avec une délectation inouïe, chaque bouffée semblant la libérer des contraintes du monde. Je l’admirais lorsqu’elle s’en alla. Elle s’était délecté, mais son corps n’avait rien à envier à celui des mannequins danone. Comme elle était belle.

Nous nous retrouvâmes quelques fois. À chaque occasion, je commandais le même plat qu’elle et elle finit par s’en apercevoir. Enfin, je crois qu’elle s’en était aperçue dès le premier jour. J’avoue que ce qu’elle mangeait était chaque fois d’un délice exquis. De toute évidence, elle savait ce qui était bon.

Un jour, alors que j’entrais dans ce bistrot avec le fol espoir de l’y retrouver, elle me sourit dès que nous nous vîmes et m’invita d’un geste gracieux à la rejoindre. Je m’empressai de le faire et, tout en mangeant, nous devisâmes de la grandeur des menus servis dans ce petit restaurant. À vrai dire, je ne suis pas vraiment gastronome… et j’essayai juste de tenir la longueur. Apparemment, j’y parvins. En fin de repas, elle m’invita à la rejoindre à partager un repas qu’elle aurait préparé elle-même.

Lorsque le jour dit fut venu, je me rendis chez elle. Une odeur merveilleuse remplissait la rue. Je sus – comme si je ne le savais pas encore – que nous allions manger le plus merveilleux des mets. Elle m’accueillit avec ravissement. Les parfums culinaires emplissaient son antre, mais je ne pus quant à moi que m’émerveiller devant sa beauté et sa tenue qui ne faisait que l’amplifier.

Nous mangeâmes un festin prodigieux. Pendant tout le repas, elle me lança des regards tellement avides que j’en frémissais. C’était comme si elle me dévorait.

Elle finit par me dévorer, dans tous les sens du terme. Tout y passa. Moi qui n’aime pas trop manger, j’adorai être avalé, dégusté, croqué, grignoté, rongé, ingurgité… Je ne fus pas en reste. Son corps était devenu aussi un festin dont je profitai jusqu’au moindre des recoins. Ce fut une jouissance extraordinaire. Il nous semblait que jamais nous ne pourrions finir de nous sustenter l’une de l’autre.

Elle avala avec ravissement tout le miel que je pus produire. Je bus en toute félicité la moindre goutte de plaisir qu’elle prodigua sous les coups des caresses dévorantes de ma langue. Nous nous nourrîmes littéralement l’un de l’autre. Je crois que je ne vécus plus jamais un tel festin. J’avais découvert la manne ultime. Celle qui fait vibrer les corps au-delà de ce qu’ils peuvent vibrer.

dimanche 17 janvier 2010

Jeu de main

Ce soir-là, tu ne pouvais pas me recevoir. Nature oblige. Mais nous nous retrouvions et nous avions tous les deux envie de partager notre amour.

Nous nous sommes câlinés longtemps. Chaque caresse était douce, profonde, amoureuse. Nous étions bien, serrés l’un contre l’autre. Parfois même, nous restions simplement allongés, heureux de sentir le corps de l’autre partager sa chaleur et sa tendresse.

J’avais envie de toi, mais je savais que je ne te visiterais pas. Pour certaines sans doute, cette période n’empêche rien. Mais pour toi, depuis toujours, c’est disette et c’est très bien ainsi.

Je savais cela, mais mes doigts ne pouvaient s’empêcher de frôler quelque peu cette fente qui ouvre à tant de mystère. Je sentais bien que tu n’y étais pas indifférente. Toi aussi, tu brûlais d’amour.

D’habitude, dans ces cas-là, nous nous contentons de la tendresse. Ce n’est pas rien ! C’est même un bonheur immense. Mais ce soir-là, j’ai senti ta main descendre vers le bas de mon ventre et me saisir avec une passion infinie. Ce ne fut au début que frôlement, effleurement, cajolerie. Petit à petit, la pression fut plus forte. C’était désormais une caresse vigoureuse et lancinante. J’étais en extase. Lorsque celle-ci devint éclatante, je hurlai mon plaisir. Inconsciemment, je m’attendais à ce que tu me lâches. Mais ton ardeur n’en fut que décuplée. Je crois que j’ai ressenti deux ou trois orgasmes totaux. Je sais bien que c’est impossible pour un homme. Pourtant, ce fut le cas. J’étais bien incapable de te rendre la pareille, mais ton corps frémissait d’enchantement.

Décidément, l’amour réserve bien des surprises…