vendredi 17 avril 2009

L'eau à la bouche

Nous nous étions couchés tard et fatigués. Un baiser du bout des lèvres avait suffi pour nous endormir chacun et vaquer à nos rêves respectifs. Elle était dans ma vie. Je savais qu’elle n’y resterait pas. Il y a des choses qui ne s’expliquent pas.

J’étais encore dans mes rêves, à demi éveillé, attentif à cette belle sensation matinale quand on se gonfle sans raison si ce n’est celle de se sentir vivre. Ma main se baladait un peu, timidement, caressant parfois au passage cette masse chaude et à demi tendue.

Soudain, je sentis sur mon torse un bout de lèvres. Juste un effleurement. Pas de baiser. Pas de langue onctueuse. Juste une caresse douce de deux lèvres qui semblaient n’avoir d’autre existence que par elles-mêmes. Ces lèvres n’avaient pas de corps, pas de bras ni de mains. Elles étaient seules et pleines d’une douceur infinie. Elles allaient et venaient sur mon torse endormi qui prolongeait mes rêves. Imperceptiblement, ces lèvres descendaient vers mon ventre, là où la chair est plus lisse, peut-être plus suave.

Le dressement au milieu de mon corps n’était plus un phénomène libre et incontrôlé. Cette fois, le désir s’en mêlait. Et la tension n’en était que plus belle.

Les lèvres l’ont sans doute senti. En tout cas, elles se sont laissé attirer inexorablement vers cette hampe qui n’attendait que ça. Lorsqu’elles ont effleuré du bout des lèvres le bout de mon levier, je me sentis frémir au plus profond de moi. C’est une sensation qui ne s’explique pas. C’est comme un caillou que l’on jette dans l’eau du plaisir et qui distille ses ondes tout au long de l’étang. Ces lèvres m’enrobaient.

Elles ont dégagé doucement cette petite peau qui protège la tête muqueuse. Elle l’ont englobée, joignant leurs fluides. Les lèvres se sont faites plus chaudes encore, plus pressantes, plus vivantes. Elles étaient encore sans corps. Mais elles étaient désormais animées d’une vie nouvelle, parlant mille langues toutes aussi sensuelles les unes que les autres. Elles s’attardaient là où le frein est de rigueur. Elles s’animaient là où la glisse est de vigueur. Elles s’enlovaient là où l’étreinte est de ligueur. Ces lèvres étaient d’une merveille insoutenable.

Je n’ai plus soutenu très longtemps. Ces lèvres ont recueilli ma sève. Avec la même simplicité qui les avaient amenées jusqu’à mon torse. Je ne savais plus si je dormais encore, si j’avais rêvé. Je ne sais même pas si tout cela est arrivé. Mais quand ces lèvres ont rejoint les miennes dans un baiser langoureux, ayant soudain retrouvé un corps et des bras, et qu’elles m’ont murmuré « Tu veux bien aller préparer du café ? », je me suis levé sans peine, l’eau à la bouche.

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