samedi 16 octobre 2010

Libre

Nous nous étions rencontrés chez des amis. Elle était très belle et la rumeur voulait qu’il ne fallait pas faire grand chose pour partager son lit. Je ne fis rien et je le partageai. Pas lors de notre première rencontre, mais il n’en fallut pas beaucoup.

Nous étions chez elle et, alors qu’il ne lui restait plus que ses sous-vêtements – d’une grande finesse, il faut le souligner – elle sortit soudain de je ne sais où un cordon noir, me le tendit et m’en dit : « Lie-moi ».

Cela ne m’était jamais arrivé et je ne sus trop comment réagir. Je lui répondis par une question, aussi simple que complexe : « Pourquoi ? ».

Je vis dans ses yeux que c’était à mon tour de l’étonner. Elle bredouilla des mots qu’elle ne semblait pas trop maîtriser : « Mais tu es mon maître… domine-moi… lie-moi… fais de moi ta chose… je t’appartiens… je… ça se passe toujours comme ça… c’est un jeu… lie-moi… tu me délieras plus tard… quand tu m’auras fait comprendre combien tu es mon maître… ça m’excite, tu comprends… lie-moi ! ».

Elle était encore plus belle que je n’aurais pu le rêver. Ses yeux m’imploraient. Je ne pus que lui dire : « Non, je ne te lierai pas. Tu es libre et je ne vois pas pourquoi je devrais t’enchaîner. Je ne suis pas ton maître… juste ton amant, ton égal. »

« Mais tous les hommes veulent… Ils ne pensent qu’à ça. Moi, ça m’amuse, ça m’excite… Ce n’est qu’un jeu, pas une question de liberté… Je t’en prie, lie-moi. »

Je lui répétai qu’il n’en était pas question, que jamais je ne pourrais utiliser le moindre symbole de violence vis-à-vis d’une femme. Complètement perdue, elle se coucha sur le lit, se recroquevillant quelque peu. Je m’étendis derrière elle et l’enlaçai avec toute la tendresse que je pouvais. Je lui expliquai que depuis ma tendre enfance, toute forme de violence m’était insupportable. J’avais pu être témoin, plus d’une fois, de violences vis-à-vis de femmes qui m’étaient chères ou, simplement, que je connaissais. Cette violence m’avait toujours révoltée. Il n’y a pas que la femme qui en est victime. Il est plus correct de parler de violence conjugale, où chaque membre du couple peut être bourreau ou victime.

Pendant que je la caressais doucement, elle me dit qu’elle aussi n’aimait pas cette violence conjugale, mais qu’il ne s’agissait pour nous que d’un jeu. Elle savait que je ne serais pas violent avec elle. Je lui expliquai que la violence symbolique est parfois plus grave encore que la violence physique. On a beau être soi-disant des adultes consentants, on joue un jeu de violence, comme les enfants. Je ne voulais ni la lier, ni la fesser, ni la considérer comme un objet sexuel. Je savais bien que notre aventure serait sans lendemain, mais ce devait être pour moi une aventure faite de respect mutuel, entre deux adultes libres et fiers de l’être, préférant la caresse douce à la fessée insidieuse, fut-elle douce elle aussi.

Tout en parlant, j’avais senti son corps se rapprocher du mien, s’y incruster. J’avais retiré son soutien-gorge pour découvrir des seins voluptueux, qui ne m’empêchaient pas de sentir les battements de son cœur. Lorsque mes doigts se faufilèrent dans sa culotte, ils furent accueillis de la plus belle manière qui soit. Elle se retourna bientôt, retira sa culotte, et me conduisit en elle. Nous eûmes un long dialogue corporel, qui sembla la combler quelques fois. Nous finîmes par exploser ensemble en nous serrant étroitement l’un contre l’autre.

Plus tard, elle me dit avoir ressenti des sensations inconnues. Elle n’en était pas sûre tout à fait, mais il lui semblait que pour la première fois, peut-être, elle s’était sentie entièrement libre.

Elle continua à vivre sa vie comme elle le sentait, son cordon continuant souvent à l’accompagner. Nous continuâmes à échanger parfois nos corps dans des mouvements libres. C’était pour elle chaque fois un moment important, ressourçant. Elle m’avoua cependant qu’elle avait encore besoin de ses liens en d’autres circonstances, mais qu’il y avait des choses qu’elle n’acceptait plus.

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