Tout avait bien commencé pourtant. Nous nous étions retrouvés avec un plaisir non caché et la promesse silencieuse de moments délicieux. Elle était belle, habillée du désir de plaire et d’aimer.
Nous avons longuement parlé, nos doigts s’effleurant parfois pour appuyer nos convictions. Plus le temps passait, plus je sentais naître en elle le désir de se donner et de me recevoir. Elle était de plus en plus belle.
Imperceptiblement, nos bras se sont rapprochés, nos lèvres ont remplacé les mots par une rencontre intime, nos doigts ont glissé d’un pan de peau à un autre aidant nos parures à glisser sur le sol. Nous étions maintenant nus, dans une longue caresse de nos corps. Le mien était fier comme Artaban.
L’approche tendre de nos câlineries a-t-elle duré trop longtemps ? Sa pudeur naturelle préférant les caresses généreuses à la précision d’une prise en main tenace a-t-elle manqué d’alimenter la source vive ? Mon désir cérébral a-t-il coupé l’ardeur de mon envie corporelle ? Ou simplement mon âge me joua-t-il un vilain tour ? Qu’en sais-je ? Toujours est-il qu’au moment où il fallait qu’elle se montre pleinement altière, voire arrogante, ma fierté se débina de la plus lâche des façons !
Rien. Plus rien. Plus même l’envie de donner ce que mes doigts ou mes lèvres auraient pu susciter. Le vide. La honte. L’impuissance.
Elle fut adorable. Me réconforta de mots doux, de caresses amoureuses. Me répéta dans le creux de l’oreille que ce n’était rien de grave, qu’elle se sentait bien, que ça irait mieux une prochaine fois, qu’elle était si bien allongée à côté de moi… Elle était sincère. Mais cela ne changeait rien. Le vide. La honte. L’impuissance.
Un homme est fait pour se dresser en défenseur des veuves et des orphelins. Il détient l’outil qui permet de créer la vie et le plaisir. S’il est incapable d’utiliser son outil, alors il ne peut rien. Il n’est plus rien.
Plus tard, je retrouvai la route. Et nous vécûmes encore cette déferlante qui emmène les hommes et les femmes vers des sommets souvent inespérés. Mais ces sommets peuvent, sans prévenir, se transformer en gouffres où la perte de virilité réduit notre fierté à néant.
mardi 19 mai 2009
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Quel cran de le dire ! Je trouve que c'est un beau courage, méritant fierté plutôt que honte.
RépondreSupprimerMoi je trouve ça attendrissant : ça pose question à l'un comme à l'autre, mais c'est aussi s'accepter avec ses faiblesses passagères, accepter que tout n'est pas toujours acquis, et que rien n'est mécanique... Et puis ça peut être un jeu émoustillant, de réveiller le désir !